Témoignage de Dustin Yee aprés sa première mission au Niger

12 juin 2015

Le Niger : plus qu’un pays où il fait chaud ! (traduit de l’anglais)

Selon le gouvernement américain, il est fortement déconseillé de voyager au Niger pour des raisons de sécurité. Pourtant, lors de mon voyage de 10 jours dans le pays, je ne me suis pas du tout senti en danger (excepté les 40° C de chaleur!) Au contraire, je me sentais plus en sécurité et mieux accueilli que dans la plupart des pays que j’ai visité, plus encore qu’aux Etats-Unis ! Dans l’ensemble, mes impressions sont très bonnes avec une culture chaleureuse et accueillante.

Mon itinéraire a démarré à Niamey, la capitale, en passant par Agadez, ville à la frontière du désert et de petits villages pour se terminer dans le désert nigérien. L’essentiel de notre voyage était sur de la piste, hors route, et nous avons longé la route principale, puisque l’état des routes était si mauvais qu’il était souvent plus rapide de conduire dans le sable.

J’ai eu la chance de voyager avec le Directeur de l’ONG Tidène, Mohamed Ixa, bien connu et influent dans la zone, et son neveu anglophone, Ibrahim. Partout où nous sommes allés, les gens n’ont cessé de venir à la rencontre de Mohamed, qui a tellement reçu de salutations que j’avais l’impression de voyager avec une célébrité. Chaque fois que quelqu’un saluait Mohamed ou Ibrahim, ils me saluaient avec autant de respect et d’hospitalité qu’eux. Jamais, je ne me suis senti mis de coté parce que je n’étais pas nigérien.

J’ai passé la plupart de mon temps à Agadez, chez mon hôte, Ibrahim le directeur de l’ONG Tidène.

L’ONG a démarré comme agence de tourisme. Comme la situation sécuritaire du pays s’est détériorée, les activités de tourisme ont disparu. Mohamed a réussi à transformer l’agence touristique en une ONG capable de fournir des emplois à ses anciens employés et la grande communauté d’Agadez, qui reposait sur le tourisme pour l’emploi, et de fournir une aide pour les personnes du nord du Niger.

Agadez est une ville d’environ 90.000 personnes, et pendant que je voyageais avec Ibrahim, on se sent encore plus petit. Ibrahim saluait presque tout le monde dans les rues. Il n’y a pas eu une seule fois où nous allions du travail directement à sa maison, sans faire des visites à la famille toujours accompagnée d’un repas léger. Un jour, j’ai même mangé quatre repas avant celui de midi! La véritable hospitalité des Nigériens n’est pas une légende !

Le bureau de l’ONG Tidène est assez rudimentaire selon les normes occidentales. L’électricité alimente 3 ordinateurs de bureau tout en assurant le fonctionnement de la clim qui rafraîchit malgré les 40°C insupportables! A cause des coupures d’électricité, l’internet et la téléphonie cellulaire sont souvent coupés. Au Niger, les gens ont généralement 2 ou 3 téléphones et cartes SIM comme éventualité contre le manque de fiabilité de chaque fournisseur de téléphone. Néanmoins, grâce à cette adversité, l’ONG Tidène est toujours en mesure de poursuivre ses activités. En vérité, je pensais trouver un rythme de travail lent, mais je fus surpris par leur diligence et la rigueur dans leurs projets et rapports. Une deuxième chose, que je retiens de ce voyage est la fierté et l’honnêteté dans le travail des Nigériens. Même lors de l’achat des souvenirs ou d’aliments, je ne me suis jamais senti floué ou arnaqué.

De même, que l’éthique de travail au Niger est de travailler et rendre service. Il est vrai que le pays dépend de milliards de dollars d’aide extérieure, mais la tradition nigérienne ne prône pas l’aumône ou la charité. Ils sont impatients de travailler et une ONG comme Tidène leur fournit de l’emploi. L’idée maîtresse de Tidène est d’employer des nigériens pour leurs projets. Lors de visite de puits, j’ai appris que ces puits sont choisis par les Nigériens, construits par les petites entreprises nigériennes, inspectés par les travailleurs gouvernementaux nigériens et finalement utilisés par les nigériens.

L’objectif principal de mon voyage était de me familiariser avec les projets que Tidène met en œuvre. Ma première mission comprenait un voyage de deux jours en « brousse » où nous avons roulé pendant des heures pour voir 4 nouveaux puits. Nous sommes allés avec un fonctionnaire des services hydrauliques, les directeurs des entreprises sous-traitantes qui construisent les puits et un représentant des bailleurs de fonds (tous nigériens).

Ce voyage m’a permis de voir les conditions de vie des éleveurs touaregs, le déplacement de leurs chèvres, des chameaux, des vaches et des moutons à travers des milliers de km de désert. La distance entre chacun des puits a mis en évidence la pertinence de construire des puits qui réduisent la distance et les corvées d’eau. Les éleveurs touaregs sont fascinants. Ils me rappelaient les cow-boys de l’Ouest américain. Les Touaregs utilisent encore des chameaux comme principal mode de transport et portent des épées pour la protection.

Lors d’une mission dans la vallée Tidène, homonyme de l’ONG, nous avons rencontré un village où résident des ex combattants, village doté d’un dispensaire, d’une école primaire, de jardins, qui ont tous été construits avec l’aide de l’ONG Tidène.

Les jardins maraîchers m’ont vraiment intéressé. L’ONG Tidène a aidé des dizaines d’ex-combattants à trouver une meilleure façon de vivre. Au lieu de se battre, l’ONG Tidène les a aidés à développer des activités génératrices de revenus grâce à l’exploitation de jardins pour assurer leur sécurité alimentaire et pour avoir des revenus. Depuis le lancement du projet « Sécurité et Développement » il y a 2 ans, aucun ex-combattant n’a délaissé son jardin. Je suis heureux de voir qu’un tel projet fournit tant d’avantages - un moyen de subsistance durable, de la nourriture, et, finalement, la paix pour le pays.

Les puits villageois fournissent de l’eau non seulement pour le village, mais pour toutes les personnes qui résident dans les environs. Les puits villageois sont construits pour une communauté ; ils sont entourés d’un muret et sont fermés pour éviter la contamination .L’ONG Tidène forme un comité de gestion composé de villageois afin d’assurer un suivi et un entretien du puits.

L’approche holistique des actions de l’ONG Tidène va au-delà du simple fait de fournir de l’eau. L’ONG a construit et assure le fonctionnement d’un dispensaire pour prés de 2.800 personnes, ainsi que les salaires du médecin et d’une infirmière qui soignent entre 10 à 17 personnes par jour.

Nous avons également visité l’école de Wharatakhalt, spécialement conçue pour les enfants de la population touareg nomade. L’école fournit non seulement l’éducation, mais assure l’hébergement des enfants les plus éloignés grâce à un dortoir, et la restauration des enfants avec 4 repas par jour. Cette pension permet aux familles de continuer de transhumer avec leurs troupeaux et ne prive pas les enfants d’école. L’école fournit une éducation de base solide pour les enfants âgés de 7-12 ans, ce qui est non négligeable dans un pays où le taux d’alphabétisation est inférieur à 30%.

Mon voyage au Niger m’a ouvert mes yeux sur un monde si différent du mien. Je fus surpris de voir qu’un pays si pauvre en richesse était si riche en hospitalité. Les cultures occidentales devraient apprendre beaucoup de la générosité des Nigériens. En outre, malgré les difficultés à trouver un emploi et de l’argent, je suis heureux de voir l’honnêteté et l’ouverture de la population du Niger. Cette caractéristique me laisse penser que dans un pays qui a connu des temps si difficiles, l’ONG Tidène est une bénédiction pour la région et je suis confiant sur le fait que la situation s’améliorera grâce à elle.

Dustin

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